Le hautbois

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Les danses les plus anciennes du Biterrois trouvent leur réalisation la plus traditionnelle au son du fifre et du tambour (en occitan: lo pifre e lo tambornet).

Il faut attendre 1628 pour voir apparaître les premières traces de hautbois à Béziers; le Discours de Pépézuc sur la discontinuation des anciennes coutumes, de 1628, évoque le «Brave dijous de May, trompettes et aubois farou retenti l’air à l’accent de lour bois ».

Ce hautbois Languedocien, appelé aussi « Graile », est composé d’un corps en trois parties, avec perce conique, en buis ou en ébène. Il est terminé par un pavillon amplifiant les sons, ce qui fait du Graile l’instrument des réjouissances populaires extérieures par excellence. Il est muni de six trous répartis sur 45 centimètres environ. Sa gamme est d’une octave et une septième. Sa tonalité à Béziers et dans la plaine biterroise est de Ré-Sol; vers l’est à partir de Sète il est plutôt en Do-Fa, et vers la Montagne noire, distante d’une quarantaine de kilomètres, en Si bémol. S’il est une façon esthétique de jouer du Graile, c’est en jouant à deux, ou quatre, en réalisant des contre-chants à la tierce, à la façon des regrets Moyenâgeux que pratiquaient les troubadours. Son usage, très répandu en plaine pendant des siècles, connaît une première crise à la fin du XIXème siècle. En effet, le déclin paysan entraîne la fin définitive de la pratique pastorale du hautbois. La dynastie Briançon donnera un second souffle à l’instrument: les frères Emilien et Edouard Briançon, fils d’Albin Briançon, tous trois parmi les plus grands hautboïstes de l’histoire, deviennent par la demande de Léonce Beaumadier les musiciens attitrés de l’Escolo Trencavel de Béziers. Puis de nouveaux instruments comme l’accordéon diatonique, chromatique, la clarinette et autres cuivres recueillirent les suffrages des musiciens et danseurs, de par leur plus grande facilité de jeu. Car le cœur du Graile est en fait la anche, double en roseau taillée à sec et à froid. La grande complexité de sa conception, l’extrême maîtrise que requiert son utilisation, sa fragilité et sa sensibilité aux variations climatiques, font que très peu de jeunes musiciens entreprennent l’apprentissage du Graile. Les Frères Briançon disparurent au début des années quatre-vingts sans élèves, et sans avoir livré leurs secrets.

L’allié indispensable du Graile est le tambour. Un bon tambour évite bien des fatigues aux joueurs de hautbois, et indique le rythme les danses. Son usage est, par exemple, d’une aide extrêmement précieuse lors du Saut du Ruban (exécution d’un pas de polka); le tambour rythmait les Treilles, ou les Pâtres, bien avant l’apparition du hautbois en Languedoc.

* Le Graile de la Montagne Noire, également en Sib, est un peu plus long que le hautbois du Bas-Languedoc; sa anche est plus courte et plus fine; ceci fait que le son est plus aigu dès la première octave. Bien que sa zone d’influence soit plutôt vers le pays toulousain, il accompagnait la bodèga (cornemuse) dans les sorties biterroises.