La danse des Treilles

 Vidéo Contre danse  

Vidéo Treilles 

Le petit thalamus montpelliérain fait mention de cette danse pour la première fois en 1503 à Montpellier, à l’occasion de la visite de l’archiduc Philippe, gendre de Ferdinand le Catholique. Pézenas eut rapidement les siennes.

Les premiers témoignages à Béziers remontent seulement à 1577, mais l’opinion publique de cette ville, dont l’économie fut longtemps basée sur le commerce du vin, et les représentations de toute la population du Languedoc, en fit la danse emblématique du biterrois. De plus, une longue tradition de maîtres à danser (Quérel, Picarel, Léonce Beaumadier,…) a toujours positionné la ville comme une référence en la matière.

La danse des Treilles est si ancrée dans les moeurs biterroises que chaque exécution donnait lieu à de nouvelles paroles satiriques ou honorifiques. Chaque personnage royal en visite se voyait composer une version nouvelle à sa gloire ou à ses dépends; ainsi ont vu les Treilles à Béziers Charles X, Louis Napoléon Bonaparte, Albert Lebrun.

Les Treilles nécessitent quatre couples au minimum, et toujours un nombre de couples pairs. Cinquante-cinq couples exécutèrent les Treilles en 1939 lors de la visite du président Albert Lebrun.

Pourtant, cette danse demeure pour certains autant un hommage à Bacchus- une prière pour la fertilité des terres viticoles de la commune- qu’une demande de fertilité des enfants de Béziers. Elle se compose d’une douzaine de figures dont huit sont indispensables au niveau de la symbolique:

 

Marche d’introduction

(Présentation des couples)

 

1- Passage sous la treille

Prélude de timide demande

 

2- Petit huit

Timide demande de protection

 

3- Passage sous les grandes treilles

L’allégresse

 

4- Le grand cercle

Pressoir

5-Quadrille

5 6- Le Serpent

L’animal sacré

 

7 -Les treilles en ligne

Promenade

 

8- Ondulation du serpent

Promenade de l’animal sacré

Saluts finals.

Lo Poton

 

 

Cette célèbre danse des Treilles a fait de nombreux « petits » au cours des XIXèmes et XXèmes siècles. Danses des Raisins blancs, des Vendanges, du Pressoir, Contredanse des Treilles, Branle des Treilles, Quadrille des Treilles; La Farandole biterroise présente certaines de ces variantes à cerceaux du début du XXème siècle, exécutée à Béziers en des temps où d’autres danses venues d’outre­ Atlantique supplantèrent le plus ancien folklore local; du temps ou saxophones et clarinettes supplantèrent le hautbois champêtre : nous sommes ici entre 1890 et 1920, période d’exode rural et de déstructuration de la société paysanne. Les paroles de ces danses tardives évoquent d’ailleurs cet état de faits, tandis que les figures relatent chronologiquement les phases d’une vendange qui perdure: Par exemple, la danse des vendanges met en scène une rentrée des vendangeuses, la caponada, larécolte, la présentation des cépages…

Plus répandue est la contredanse des Treilles qui voit le jour à Béziers au début du vingtième siècle. Après plus de trois cents ans de pratique, la danse des Treilles connaît un déclin ; le public se détourne des danses collectives traditionnelles et des instruments champêtres au profit des bals populaires animés par les toutes nouvelles harmonies fièrement baptisées « la musique ». C’est Gabriel Picarel, cap de joven des Treilleurs biterrois, qui créera cette variante des Treilles, sensée apporter un second souffle à une pratique risquant de tomber en désuétude ; les figures divergent légèrement sans attenter aux signifiances successives de la chorégraphie. Toutefois, chaque danseur est muni d’un cerceau.

Recueillie tardivement par Grand’Aigle, et harmonisée par Joseph de Canteloube en 1943, cette contredanse sera fortement décriée par les puristes, notamment par Léonce Beaumadier, Chantre du hautbois languedocien. Celui-ci s’empressera de créer son propre groupe en 1937, et de rétablir la véritable version des Treilles, à un cerceau par couple de danseurs.