La Ronde du Romarin

La place inhabituelle de la femme dans cette danse de couple (à gauche), et l’aspect païen, voire animiste du culte voué par des jeunes gens au fertile romarin, pourrait faire remonter cette danse à l’antiquité grecque pendant laquelle Vendres et Port-Vendres, hauts lieux de réalisations, étaient des postes commerciaux hellènes avancés. Il n’en est rien, ce n’est qu’une danse carnavalesque dont les évolutions renvoient encore à une société paysanne refermée sur elle-même, et totalement étrangère aux contraintes scéniques actuelles.

Les festivités de l’Ascension se déroulaient sur quatre jours: celui du Romarin (humiliation des hommes mariés), celui du Laurier (rébellion des hommes mariés), celui de la Violette (bal des jeunes gens), et enfin celui de la Galère (humiliation des jeunes hommes). La danse, transmise oralement, constituait la dernière des réjouissances de la journée des Violettes: les hommes mariés, après s’être querellés avec les célibataires (fiancés) tout au long de la fête, et après les avoir brimés et soumis, leur permettent enfin d’inviter les jeunes filles (fiancées) pour entamer la ronde. Le premier témoin anonyme du XVIIème siècle décrit une ronde autour d’un mât orné de branches de Romarin, de fleurs et de cornes symbolisant l’adultère dont les hommes mariés sont parfois l’objet. Le reste fut recueilli par Léonce Beaumadier auprès de Baptiste Augustin, (chorégraphie), et Emile Roquefort, (notation musicale), de Vendres. Baptiste Augustin était l’arrière-petit-fils de Pierre-Joseph Cavaillé, dit «lo Gueil », (1819-1898). Premier joueur connu du Romarin, « le ressort» importa cette danse dans le proche Béziers, et inaugura la longue tradition biterroise de ménétriers que sont Belin, Varenne de Nissan, Pèira de Misèra ou Domairon; vinrent ensuite les frères Briançon